Les News
Mois de Décembre 2011
1/1 Automne 2011 : de nouveaux satellites dans l'espace
Pour les scientifiques de l'environnement, et surtout pour les météorologistes, le mois d'octobre 2011 a été particulièrement prometteur en nouvelles observations spatiales, avec la mise en orbite de plusieurs satellites:
le 12 octobre, lancement depuis l'Inde du satellite Megha-Tropiques, satellite météorologique destiné à la recherche atmosphérique ;
le 21 octobre, première mission depuis Kourou de la fusée russe Soyouz qui met en orbite les deux premiers satellites Galileo du système de navigation européen ;
le 28 octobre, lancement du satellite américain à orbite polaire NPP, précurseur de la nouvelle série de satellites météorologiques américains défilants NPOESS, depuis la base américaine de Vandenberg en Californie.
Qu'apportent ces satellites à la communauté météorologique ?
La mission Megha-Tropiques résulte d'une action conjointe des agences spatiales française (Cnes) et indienne (Isro).
Les instruments scientifiques ont été développés pour l'essentiel en France alors que le satellite lui-même et son lancement sont d'abord l'uvre de l'Inde.
Les instruments visent l'étude du cycle de l'eau entre les tropiques, en particulier la mousson et son évolution dans le contexte du réchauffement climatique.
La masse du satellite Megha-Tropiques est
d'environ une tonne. Son orbite est à 866 km d'altitude.
Par rapport aux satellites météorologiques opérationnels, Megha-Tropiques présente deux originalités :
Il associe trois radiomètres de façon à observer simultanément trois composantes de la machine énergétique atmosphérique, à savoir :
(i) la vapeur d'eau;
(ii) l'eau condensée (nuages et précipitations);
(iii) les flux énergétiques.
Il privilégie l'échantillonnage de la zone intertropicale par une orbite inclinée à 20° par rapport à l'équateur.
Ainsi le satellite survole l'Inde (et toute autre région intertropicale) plusieurs fois par jour alors que les satellites défilants héliosynchrones (embarquant le même type d'instruments micro-ondes) ne passent que deux fois par jour sur une telle région. Les données vont donc permettre un meilleur suivi de l'évolution diurne près de l'équateur, en particulier celle concernant les nuages.
Les trois instruments embarqués à bord de Megha-Tropiques sont les suivants:
MADRAS, un imageur micro-ondes : sa mission principale est d'observer les systèmes nuageux ; il est assez semblable à l'instrument micro-ondes SSM/I utilisée en météorologie opérationnelle depuis plusieurs années.
SAPHIR, un sondeur micro-ondes à 6 canaux qui permet de restituer des profils verticaux de vapeur d'eau avec 10km de résolution au nadir.
SCARAB, un radiomètre (avec 4 canaux dans le visible et l'infrarouge) dédié à la mesure des flux au sommet de l'atmosphère. Il s'agit d'un instrument conçu par le LMD qui a déjà volé sur le satellite russe Meteor.
La constellation Galileo, quand elle sera entièrement mise en uvre, comprendra une trentaine de satellites en orbite à environ 23 000km d'altitude.
Comme pour le système GPS américain (ou le GLONASS russe), chaque satellite sera équipé d'un émetteur de radionavigation (type GPS) fonctionnant en continu.
L'analyse des signaux reçus, en tout point de l'environnement terrestre, permet un positionnement très précis du lieu de réception.
Galileo est un projet européen de géolocalisation avec de multiples applications opérationnelles et innovantes.
Les deux satellites lancés simultanément depuis Kourou le 21 octobre 2011 sont les premiers de la trentaine envisagée. Ce lancement était une première pour le Cnes, les Russes etla coopération franco-russe en matière de spatial, puisque c'était la première fois qu'une fusée Soyouz opérait depuis Kourou (suite à l'agrandissement et au réaménagement récents de la base en Guyane française).
Deux autres satellites Galileo devraient être mis en orbite en 2012. Les premiers tests Galileo de géolocalisation seront alors possibles : ils nécessitent le traitement simultané des signaux d'au moins 4 satellites émetteurs différents.
Chaque satellite Galileo a une masse de 675 kg et
une orbite inclinée de 56° par rapport à
l'équateur.
A priori les satellites Galileo (ainsi que tous ceux émettant des signaux de radionavigation) sont des satellites de géolocalisation qui ne présentent pas d'intérêt pour l'observation météorologique. Toutefois, il y a déjà plus de 20 ans, des météorologistes avaient parié que la mesure du retard de la propagation des signaux GPS à travers l'atmosphère terrestre pouvait être exploitée utilement pour déduire de l'information sur la température et l'humidité atmosphérique. Ce pari a conduit à la mission GPSMET dont les données ont permis de vérifier l'utilité météorologique des signaux GPS aux environs de l'an 2000.
Depuis 2005 environ, les signaux GPS sont exploités de deux manières dans les modèles de prévision météorologique :
Avec des récepteurs GPS installés au sol, en des points fixes de la surface terrestre, on peut extraire une information sur la quantité de vapeur d'eau intégrée sur la verticale de ces points.
A partir des récepteurs embarqués à bord de satellites en orbite basse (quasi-polaire généralement), on peut utiliser les occultations des satellites émetteurs par la Terre et son atmosphère pour extraire une information sur la réfraction de l'onde radioélectrique par l'atmosphère terrestre, donc sur la densité atmosphérique, et donc sur le profil vertical de température et d'humidité.
Les signaux GPS assimilés dans les modèles de prévision opérationnels apportent d'ores et déjà un bénéfice qui a pu être évalué et qui est presque du même ordre que celui d'un sondeur atmosphérique.
Quand Galileo sera opérationnel, on aura environ deux fois plus de satellites émetteurs. Pour les données météorologiques extraites des signaux de radionavigation, il en résultera une amélioration probablement très significative en quantité et en qualité.
Depuis la décennie 1970 les États-Unis d'Amérique exploitent la série NOAA de satellites météorologiques défilants dont les données sont transmises en temps réel à la communauté météorologique.
Les instruments embarqués sont essentiellement des radiomètres opérant dans des bandes micro-ondes ou infrarouges (sondeurs et imageurs).
Dans la continuité de la série NOAA, les américains préparent la génération de satellites défilants NPOESS dont la mise en uvre est coordonnée avec les satellites européens du même type dans le cadre du JPSS.
Les nouveaux satellites NPOESS embarqueront des sondeurs et imageurs (améliorés par rapport à ceux de la série NOAA) ainsi que de nouveaux instruments.
Le satellite NPP, mis en orbite le 28
octobre 2011, est le précurseur de la série NPOESS. Il est héliosynchrone,
avec une heure locale de passage au nud
ascendant à 13h30, conformément à la coordination JPSS
avec l'Europe (dont les satellites MetOp
remplissent les mêmes fonctions météorologiques à
9h30 locales). On peut dire aussi que NPP assure la transition entre la
série NOAA et la série NPOESS.
NPP a une masse de 2,13 tonnes. Son orbite est
à 824 km d'altitude. Sa durée de vie est estimée
à 5 ans. L'activation de son émission directe vers le sol est
prévue pour le 9 janvier 2012. Le Centre de Météorologie
Spatial de Lannion est prêt pour la recevoir, comme probablement beaucoup
de centres étrangers faisant habituellement de l'acquisition directe.
Cinq instruments sont embarqués à bord de NPP :
ATMS : sondeur micro-ondes, successeur de l'actuel sondeur AMSU sur les satellites NOAA.
CrIS : sondeur infrarouge hyperspectral, type interféromètre de Michelson, très semblable à l'instrument IASI sur MetOp.
OMPS : ensemble de spectromètres dédiés à la mesure de l'ozone.
VIIRS : imageur infrarouge successeur de l'actuel AVHRR sur les satellites NOAA; avec ses 22 canaux, il est très semblable à l'instrument MODIS actuellement embarqué sur les satellites défilants de la NASA AQUA et TERRA.
CERES : radiomètre dédié à l'estimation du bilan radiatif terrestre.
Le JPSS est un ensemble de satellites météorologiques héliosynchrones qui comprend le NPP (les NPOESS ensuite) et les MetOp européens. Il est prévu de maintenir dans le futur au moins trois satellites de ce type avec des orbites choisies pour obtenir une couverture en observations la plus homogène possible sur le globe terrestre. Dans la série MetOp, le prochain lancement prévu est celui de MetOp B (devant succéder à l'actuel MetOp A). Il doit avoir lieu en mai 2012 depuis Baïkonour. Il embarquera 13 instruments; certains seront les homologues des instruments cités plus haut, mais il y aura aussi par exemple le diffusiomètre ASCAT comme sur son prédécesseur MetOp A.
DES DONNEES SERVANT A LA
FOIS L'OPERATIONNEL ET LA RECHERCHE
Pour la communauté météorologique NPP est plutôt un
satellite « opérationnel », Megha-Tropiques un
satellite de « recherche », alors que le programme
Galileo est une « opportunité » pour obtenir des
observations. Mais en matière d'observations
météorologiques et océanographiques les étiquettes
« recherche », « opérationnel », «
opportunité » se mélangent souvent. Les utilisateurs qui
effectuent des recherches sur les données satellitaires sont souvent les
mêmes que ceux qui les exploitent en les assimilant dans des
modèles. La rareté des observations les rend précieuses
et oblige les utilisateurs à « faire feu de tout
bois », y compris du « bois vert » des
instruments innovants.
Même si la plupart des instruments de NPP sont déjà familiers aux prévisionnistes et aux assimilateurs de données (dans les modèles de prévision), il est clair qu'ils conduiront aussi à beaucoup d'actions de recherche et de développement, par exemple à travers les réanalyses (qui vont les utiliser) et les modèles climatiques (qui s'appuient souvent sur ces réanalyses pour leur état initial et leur validation).
Les chercheurs en météorologie tropicale attendent avec impatience l'arrivée des nouvelles données de Megha-Tropiques, mais ces nouveaux instruments ne sont pas totalement inconnus, et il est aussi clair que certaines données seront assimilées dans les modèles de prévision, peut-être même en temps réel, à coup sûr en temps différé pour améliorer ces modèles.
Les météorologistes utilisateurs de signaux GPS devront être davantage patients pour tirer le bénéfice des satellites Galileo : plusieurs années, le temps que la nouvelle constellation européenne de géolocalisation devienne opérationnelle.
L'OMM effectue tous les quatre ans environ
un bilan sur l'utilisation des différents systèmes d'observation
(satellitaires comme terrestres) dans les modèles de prévision,
et sur les bénéfices qu'ils apportent à la
prévision du temps. Ce bilan régulier est traité sous
forme d'un atelier rassemblant les principaux centres de prévision
numérique du monde. Le dernier rapport sur « l'impact des
observations » ainsi que toutes les présentations de l'atelier
sont disponibles sur le web
public de l'OMM.
Ce dernier rapport date de mai 2008. Le prochain atelier est prévu aux
Etats-Unis en mai 2012.
Deux définitions utiles pour la lecture de cet article :
Nud ascendant : Pour un
satellite dont le plan de l'orbite a une inclinaison non nulle, l'intersection
avec le plan de l'Equateur s'appelle la ligne des noeuds. On distingue le noeud
ascendant lors du passage de l'hémisphère sud à
l'hémisphère nord, tandis que l'autre est appelé noeud
descendant.
Héliosynchrone: Une orbite héliosynchrone est une orbite choisie de façon que langle de la direction du Soleil avec le plan dorbite demeure à peu près constant tout au long de lannée. Ceci peut être obtenu en mettant à profit la dérive du plan dorbite liée à lattraction du bourrelet équatorial. En choisissant bien laltitude et linclinaison, on peut obtenir une dérive dun peu moins de un degré par jour, permettant de suivre le mouvement apparent du Soleil. En fonction de lheure du lancement, on peut aussi faire en sorte que le Soleil se trouve dans une direction à lOuest du plan dorbite, et faisant avec lui un angle de 22,5 degré, ce qui correspond à une heure locale de passage à léquateur de 13h30 (de 01h30 pour le nud descendant).
Mois de Novembre 2011
1/1 Evènements climatiques extrêmes, gérer le risque... rapport spécial du GIEC publié le vendredi 18 novembre.
The IPCC Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation
Ce rapport spécial dont le titre peut être traduit en français par «Gérer les risques des événements extrêmes et des désastres pour améliorer ladaptation au changement climatique» a été approuvé par les états membres du Groupe Intergouvernemental sur lÉvolution du Climat.
Les événements extrêmes sont
définis comme ceux au cours desquels un paramètre approche des
limites de la plage des valeurs observées pour ce paramètre. La
distinction entre événement météorologique et
événement climatique repose sur la durée de
lévénement, la limite entre les deux étant peu
précise et pouvant varier entre moins dun jour et quelques
semaines.
La rareté des événements extrêmes est
évidemment une difficulté majeure pour évaluer
lexistence de changements statistiquement significatifs dans leur
fréquence ou leur intensité. Le rapport considère
néanmoins quil est probable que laccroissement
anthropique des gaz à effet de serre dans latmosphère a
provoqué une augmentation générale des minima et des
maxima des températures journalières et une augmentation
générales des valeurs extrêmes des hautes eaux sur les
côtes. Les preuves sont moyennement convaincantes en ce qui concerne
lintensification globale des précipitations extrêmes. Les
changements intervenus dans les moyens dobservation ne permettent pas de
tirer de conclusion sur une éventuelle augmentation à long terme
de lactivité cyclonique tropicale. Il est vraisemblable qu'au
cours des dernières décennies, un déplacement vers les
pôles des trajectoires des tempêtes extratropicales se soit produit
dans les deux hémisphères
Les pertes économiques dues à des
désastres météorologiques ou climatiques ont cru, avec une
grande variabilité spatiale et interannuelle. Cette tendance à
long terme résulte essentiellement de laugmentation de
lexposition des personnes et des biens. Linfluence du climat sur
cette tendance ne peut être exclue, bien quelle ne soit pas mise en
évidence.
La vulnérabilité humaine aux événements
extrêmes dépend de facteurs nombreux et divers. Le rapport
décrit comment la gestion des risques de désastre et
ladaptation peuvent aider les communautés les plus
vulnérables à faire face au changement climatique.
La confiance dans les estimations des changements à venir dans la
direction et lamplitude des extrêmes dépend de nombreux
facteurs, comme la nature de lextrême, la région et la
saison, la quantité et la qualité des données
dobservation, le degré de compréhension des processus en
jeu et la fiabilité de leur simulation par les modèles.
Il est pratiquement certain quau cours du 21ème siècle,
la fréquence des journées chaudes et les températures
atteintes vont généralement croître tandis que les froids
extrêmes seront en réduction. Il est très vraisemblable que
la longueur, la fréquence ou lintensité des vagues de
chaleur vont augmenter sur la plupart des terres.
Il est vraisemblable que la fréquence des fortes précipitations
ou la proportion des précipitations sous la forme de pluies intenses
vont augmenter. Vraisemblablement, la vitesse maximum des vents dans les
cyclones tropicaux va croitre, tandis que la fréquence globale de ces
cyclones sera stab,le ou décroissante. On estime (avec une confiance
moyenne) que le nombre moyen de cyclones extratropicaux devrait, au cours des
prochaines décennies, décroître dans chaque
hémisphère et que les sécheresses sintensifieront
à certaines saisons, par suite de précipitations réduites
et dune évapotranspiration accrue. On a peu de confiance dans les
estimations des changements des crues fluviales, induits par les changements de
température et de précipitations. On peut cependant
sattendre à ce que les pluies intenses provoquent localement des
inondations.
Il est très vraisemblable que la montée moyenne du niveau de la
mer induira une montée des hautes eaux observées sur les
côtes et les zones déjà sujettes à
lérosion et aux inondations continueront de lêtre.
Les experts ont une grande confiance dans le fait que les vagues de chaleur,
le retrait des glaciers et la dégradation du pergélisol
affecteront la haute montagne par des phénomènes comme des
instabilités de certaines pentes et des inondations liées
à la vidange brutale de lacs glaciaires.
Des mesures dadaptation, dites "sans regret" , offrent des avantages dans les
conditions climatiques actuelles et dans celles qui sont prévues dans
une palette de scénarios des changements à venir. Elles
constituent de bonnes pistes pour répondre aux évolutions
tendancielles estimées de lexposition, de la
vulnérabilité et des événements extrêmes.
Elles peuvent être bénéfiques dès maintenant et
constituer une base solide pour faire face aux changements estimés. Ces
mesures "sans regrets" comprennent des systèmes dalerte
précoce, une bonne communication sur le risque entre les
décideurs et les citoyens locaux, une gestion durable de
lutilisation des terres et des écosystèmes. Dautres
mesures "sans regret" sont lamélioration de la surveillance
sanitaire, de lapprovisionnement en eau, de lassainissement, des
systèmes dirrigation et de drainage, des infrastructures
résistant au climat, le développement de normes de construction
et une meilleure éducation et prise de conscience.
La gestion du risque sera généralement plus efficace si elle
fait appel à un portefeuille dactions de réduction des
risques et de réponse aux événements et aux
désastres plutôt que de se focaliser sur un seul type
daction. De telles approches intégrées seront dautant
plus efficaces quelles auront été adaptées aux
circonstances locales.
Une gestion multi-risques fournit des occasions de réduire les effets
dune combinaison de divers impacts et de diminuer la probabilité
que le traitement dun risque spécifique nentraîne un
accroissement de lexposition et de la vulnérabilité
à dautres risques présents ou futurs.
Un pré-requis pour la durabilité dans un contexte de changement
climatique est le traitement des causes sous-jacentes de
vulnérabilité, comme les inégalités structurelles
qui entraînent la pauvreté et limitent laccès aux
ressources.
Les actions dadaptation et de réduction des risques de
désastre les plus efficaces sont celles qui offrent des
améliorations du développement à court terme et de la
vulnérabilité à plus long terme, bien que des compromis
doivent parfois être faits entre court et long terme. Les interactions
entre la mitigation du changement
climatique, ladaptation à ce dernier et la gestion des risques de
désastre peuvent avoir une profonde influence sur les trajectoires de
développement résilientes et durables.
Plus d'informations :
Rapport spécial du Giec : Résumé à l'intention des décideurs (en anglais)
Le rapport complet sera disponible en
février 2012.
Définitions :
GIEC : Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat
Mesures sans regret : Mesures rentables et utiles en soi, quelle que soit lamplitude du réchauffement et même sans réchauffement
Mitigation ( Terme franglais : "atténuation" en Français) : Intervention humaine pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Résilience : Capacité d'un système à rapidement retrouver ou améliorer ses structures essentielles et ses fonctions, après une perturbation
Mois de Juillet 2011
1/1 Au revoir Jean
Nous avons appris avec une profonde tristesse que Jean
Labrousse, membre du Club des Argonautes depuis sa création en 2003,
nous a quittés ce samedi 9 juillet.
Pour les membres du Club, Jean était un collègue et surtout un
ami. Pour tous ceux qui ont eu la chance de le connaître, il était
aussi un grand scientifique rigoureux et respecté, tant pour ses
connaissances que pour ses qualités humaines.
Il était toujours très présent et pertinent dans nos
échanges, sa grande sagesse va beaucoup nous manquer.
Le Club adresse à son épouse Janine et sa famille toute sa
sympathie et son émotion.
Un ancien collègue de Météo France a
déposé sur notre site un message qui reflète parfaitement
nos sentiments, le voici :
"Bonjour Jean,
C'est avec beaucoup de tristesse que je viens d'apprendre que tu nous avais
quittés pour aller dans un autre monde. Un monde où tu seras
à coup sûr accueilli à bras ouverts. Là-haut, il
vont avoir de la chance de profiter de ton esprit bouillonnant d'idées,
de tous les projets à réaliser et surtout de tes qualités
humaines pleines de chaleur et d'ouverture vers les autres.
Maintenant, compte sur nous pour ne pas t'oublier ! Il restera toujours
quelque chose de toi ici et dans notre mémoire.
Au revoir Jean.
Très amicalement. Joël "
Jean Labrousse a largement contribué à enrichir ce site, notamment par des articles sur le climat (rubrique FAQ) et aussi par les nombreuses discussions qui ont fait progresser la réflexion du Club.
De la même manière, il a participé à l'élaboration de l'ouvrage collectif du Club : "Climat, une planète et des hommes".
Pendant l'écriture de son livre "L'avenir de l'eau", Erik Orsenna l'appelait : "mon professeur de pluie".
Mois de Juin 2011
1/1 Déclaration de l'OMM sur l'état du climat mondial en 2010
L'Organisation Météorologique Mondiale a publié comme chaque année depuis 1993, une déclaration sur l'état du climat mondial.
Lannée 2010 sest particulièrement distinguée par le fait que les températures moyennes à la surface du globe ont atteint des valeurs records qui sont du même ordre que celles enregistrées en 1998 et 2005 et qui confirment laccélération du réchauffement constaté ces 50 dernières années.
Elle vient aussi clôturer la décennie la plus chaude jamais enregistrée, durant laquelle le réchauffement a été beaucoup plus ma, notamment en Afrique du Nord et dans la péninsule arabique, en Asie méridionale et dans lArctique.
La température moyenne a été supérieure de 0,46 °C à la normale calculée pour la période 19611990 et de 0,21 °C à la moyenne de la décennie 19912000. Celle-ci était déjà plus chaude que les précédentes, ce qui confirme une tendance au réchauffement sur le long terme.
Mois de Mai 2011
1/1 Les 40 ans du Groupe de Recherche de Géodésie Spatiale, un quarantième rugissant...
Le 17 février 2011, le GRGS célébrait ses quarante ans de recherche.
Voici le compte-rendu qu'en ont fait deux Argonautes ayant uvré à sa fondation.
Les moyens satellitaires ont été une révolution pour la géodésie, science de l'étude de la forme de la terre et de sa dynamique, car ils ont permis, pour la première fois, d'appréhender la planète Terre dans sa globalité. C'est pour fédérer les efforts et tirer le meilleur parti des nouvelles techniques spatiales qu'a été créé le GRGS en 1971.
Initié par quatre organismes fondateurs, le Bureau des longitudes, l'Observatoire de Paris, le Centre national d'études spatiales, l'Institut géographique national, il a ensuite fédéré 10 organismes publics spécialisées dans le domaine de la géodésie spatiale. Son originalité a résidé dans son approche novatrice des "problèmes de bon voisinage" et "d'intégration" entre organismes ou entre disciplines, une approche qui a conduit à une interdisciplinarité exemplaire. Intégration signifie ici que chacun participe à un même projet commun impliquant les équipes industrielles, scientifiques et celles des départements des agences spatiales proprement dites ; ce n'est donc pas une simple juxtaposition d'efforts.
Cela n'a pas été facile, il a fallu y mettre beaucoup d'énergie ! Et ce fut une réussite : en 40 ans, le CNES, les équipes de recherche associées, et les organismes partenaires ont bâti un programme ambitieux et unique dans le domaine de la mesure de la Terre et de sa dynamique.
La journée anniversaire fut une réussite.
Dans ce lieu mythique de l'Observatoire de Paris, salle Cassini, plus d'une centaine de chercheurs se sont réunis pour dresser un bilan de ces quarante années de recherche innovante et ont brossé les perspectives prometteuses.
Trois étapes dans la journée :
- une consacrée à la création du GRGS,
- une deuxième aux activités actuelles présentées dans sept domaines,
- la troisième au futur.
Les sept exposés thématiques ont concerné les recherches développées au cours de ces quatre décennies :
les observatoires géodésiques,
la mécanique orbitale et le champ de gravité,
locéanographie et lhydrologie spatiales,
les systèmes de référence et la rotation de la terre,
la géodésie planétaire,
la physique fondamentale,
les services scientifiques.
Du point de vue adopté par les fondateurs du GRGS, tous ces thèmes ont en commun :
la métrologie,
la mesure de paramètre,
lacquisition,
le traitement
et la validation des données.
Une table ronde organisée en coopération avec l'IFHE a ensuite permis dévoquer les points marquants, en particulier ceux liés à la structure originale de ce groupe de recherche et à son impact sur le succès des travaux de recherche.
Par la qualité de ses premiers résultats, en particulier avec la télémétrie laser, le GRGS a acquis très vite une réputation d'excellence, qui lui a permis de nouer des coopérations internationales décisives. Bien que le contexte ait changé, l'adaptation nécessaire a eu lieu et la volonté de disposer d'observations précises traitées avec une approche métrologique est maintenue, et se met au service d'une diversité de domaines de recherche.
Deux partenaires de longue date du GRGS sont venus témoigner de plus de 30 ans de coopération.
Kurt Lambeck, géophysicien et géodésien, membre de lAcadémie des sciences en Australie et dans ce cadre responsable des études sur le climat ;
Christoph Reigber, géodésien dabord au DGFI (Deutsches Geodätiches Forschungsinstut) à Munich puis au GFZ (Deutsches GeoForschungsZentrum) à Postdam, leader européen et mondial dans les programmes de recherche du champ de gravité et tout particulièrement dans les missions engagées pour la décennie du champ de gravité (Satellites Champ et Grace).
En conclusion, ce groupement d'organismes publics est une structure de dialogue, les idées nouvelles sont non seulement bienvenues mais recherchées, les observations sont "bien traitées", les résultats ont suivi et... cela continue !
Aujourdhui 14 équipes de recherche appartenant à 8 instituts différents sont fédérées par le GRGS.
A l'issue de cette journée, il est clair que cette formule originale doit être poursuivie, en particulier les possibilités de dialogue entre chercheurs de plusieurs disciplines, les contacts à léchelle internationale, la connaissance intime des systèmes de mesure et des corrections systématiques à opérer, qu'il s'agisse d'observations spatiales ou non spatiales ; lanalyse de ces mesures permet dobtenir des résultats scientifiques sans oublier de nombreuses retombées sur les applications.
Cette stratégie est conçue pour démontrer lutilité des observations et ainsi en favoriser la continuité. Elle va de la conception optimisée des systèmes à mettre en place jusqu'aux applications dans notre vie quotidienne. De très nombreux projets sont en cours dexploitation et de nouveaux se profilent pour les décennies à venir.
Composé de scientifiques aussi bien juniors que seniors,
lauditoire était représentatif de la diversité des
sujets abordés, des coopérations mises en place entre
équipes françaises mais aussi avec des laboratoires à
léchelon international. Les témoignages Kurt Lambeck et
celui de Christopher Reigber étaient éloquents, notamment pour
les nombreux jeunes chercheurs venus les écouter.
Il semble que nous avons encore à mettre en exergue deux points essentiels.
Tout dabord, la qualité exceptionnelle des ingénieurs et agents techniques et administratifs ; leur compétence était hors du commun dans le domaine difficile du traitement des données avec une approche métrologique qui nécessite une évolution constante des méthodes. Cest leur motivation qui doit être signalée ; sans elle, nous naurions pas été très loin. Cette excellence reconnue doit beaucoup à leurs qualités professionnelles et nous avons eu beaucoup de chance de travailler avec eux.
Un deuxième point à souligner est la nécessité de la transmission des connaissances dune génération à lautre. Il faut prendre conscience que cest un problème difficile, il suppose quon puisse avoir une politique de recrutement continu, ce qui na pas toujours été le cas. Faire la « passe en arrière » comme au rugby prend du temps.
On ne peut que souhaiter « bon vent » au GRGS daujourdhui et de demain.
François Barlier et Michel
Lefebvre.
Pour en savoir plus :
FAQ sur le champ de gravité terrestre
Mois d'Avril 2011
1/1 Locéan planétaire. Michèle Fieux - Recension de Guy Jacques
« Locéan planétaire » est louvrage en langue française de référence en océanographie physique quil fallait, au moment opportun et écrit par la personne adéquate. Pourquoi ?
Revenons quelques décennies en arrière, dans les années 1960-1965 qui marquent le décollage de locéanographie française sous limpulsion de quelques maitres : Henri Lacombe et Paul Tchernia en physique, Alexandre Ivanoff en optique, Jean-Marie Pérès, Pierre Drach puis Paul Bougis en biologie. La plupart dentre eux éditent des ouvrages généralistes de référence. Jai souvent sollicité, en vain, mes collègues pour quils ne quittent pas la scène de la recherche sans laisser une trace équivalente de lenseignement quils ont professé des années durant des décennies. Élève, héritière, de Paul Tchernia et de sa célèbre « Océanographie régionale », Michèle Fieux ne sest pas laissée rebuter par la tâche.
Elle nous livre un traité imposant qui profite des découvertes majeures de cet âge dor de locéanographie et comme le traité de Tchernia, intéressera tous ceux qui, à linstar dAlexandre de Humboldt et de François Arago sont fascinés par les grands courants marins.
Cette très belle édition des Presses de lÉcole Nationale Supérieure de Techniques Avancées est un traité imposant : 421 pages et 413 figures toutes en couleur réalisées par Chantal Andrié qui doit être associée à cette réussite.
Léditeur serait avisé sil permettait un accès payant soit par achat dun CD soit par téléchargement à ces précieuses images, dautant quelles figurent en format relativement réduit dans louvrage. Cette même critique concerne aussi la taille de la police du texte, notamment celle des légendes des figures en corps plus petit que celui du texte.
Le premier chapitre est consacré aux propriétés physiques
de locéan : caractéristiques de leau de mer,
échanges de chaleur entre océan et atmosphère, masses
deau, moteurs de la circulation océanique, rôle du vent et
techniques dobservation. Les chapitres suivants décrivent
successivement locéan Antarctique, lAtlantique,
locéan Indien et le Pacifique. Jaurais aimé que la
Méditerranée bénéficiât dun chapitre
plutôt que de figurer dans les « mers annexes de
lAtlantique ». Cest peut-être sentimental mais pas
uniquement. Mis à part les océanographes de lOrstom qui
firent leurs premières armes dans lAtlantique tropical,
physiciens, chimistes et biologistes métropolitains se sont
formés et ont apporté un maximum de connaissance sur la
Méditerranée occidentale. Il sagit certes dune
surface réduite à léchelle de locéan
planétaire mais elle présente des caractéristiques
originales qui a rapproché parfois de locéan tropical
stratifié et, à dautres moments, des zones de
plongée de lAtlantique Nord. La conclusion illustre le concept
dun océan planétaire dont la variabilité intervient
sur lévolution climatique.
Cette « bible » de locéanographie
physique, même si elle convient particulièrement aux
étudiants spécialisées, sadresse aux
océanographes physiciens et biologistes, aux autres chercheurs des
sciences de lenvironnement terrestre mais aussi au public cultivé
familier de la mer et qui souhaitent mieux connaitre son intimité. Il
peut en effet aussi être considéré comme un atlas, un
dictionnaire auquel on se réfère pour approfondir un point
particulier.
Éditeur : Les presses de lEnsta, 2010.
Mois de Mars 2011
1/1 In-Memoriam
Le 4 mars, une fusée Taurus était censée mettre sur orbite le satellite Glory. Le cône de la fusée ne sest pas détaché correctement et le satellite est perdu.
Cest le deuxième échec du même type, le précédent concernait le satellite OCO destiné, lui à lobservation du cycle du carbone.
Deux coups très durs pour la recherche climatique ! On ne discutera pas ici des questions de politique industrielle qui ont amené au choix dune société privée pour ces lancements, mais il est clair que le métier d'exploitant de lanceurs est un métier difficile dans lequel, le risque zéro n'existe pas.
De la sorte, pour les utilisateurs, certaines "économies" peuvent coûter très cher. Un nouveau lancement est prévu en 2013 pour OCO, rien nest prévu pour linstant pour Glory.
Espérons quune solution de
remplacement sera trouvée rapidement mais, en tout état de cause,
ce sont plusieurs années dobservations
qui sont perdues.
Ce satellite emportait deux instruments importants pour la surveillance du
climat et la compréhension des mécanismes qui le
régissent.
TIM était
destiné à assurer la poursuite de la mesure de
lirradiance solaire totale, c'est-à-dire de la quantité
totale dénergie dorigine solaire arrivant au sommet de
latmosphère.
Ces mesures ne sont réellement possibles avec une précision suffisante que depuis lespace, car latmosphère absorbe et diffuse le rayonnement solaire.
Depuis une trentaine dannées, des instruments se sont relayés sur divers satellites, mais leurs périodes de recoupement et leur précision absolue, laissent encore trop dincertitude quant aux variations de ce facteur clé du système climatique.
TIM est le plus
performant de ces instruments, un exemplaire en vol depuis 2003 semble
dailleurs conduire à une révision à la baisse de la
constante solaire. Cest dire limportance quil y avait
à assurer la continuité de ces mesures et le recouvrement des
différents exemplaires, condition indispensable à
lhomogénéisation des séries de mesures.
L'instrument APS , quant à lui, devait mesurer le degré de polarisation du rayonnement solaire réfléchi. Couramment, ce que mesurent les radiomètres embarqués sur les satellites, cest lintensité du rayonnement dans un intervalle spectral donné.
La signature spectrale, c'est-à-dire la variation de lintensité mesurée en fonction de la fréquence et lintensité elle-même, permettent souvent mais pas toujours, de déterminer des propriétés essentielles de latmosphère ou des surfaces.
La polarisation du rayonnement est une information originale peu exploitée à lexception de lexpérience française POLDER qui a volé à deux occasions à bord des satellites Japonais ADEOS, mais malheureusement pour de courtes périodes de quelques mois, et à bord du micro satellite PARASOL du CNES avec, cette fois, 6 années de mesures.
Les aérosols sont des particules en suspension dans latmosphère dont une partie est produite par lactivité humaine. En interagissant avec le rayonnement solaire, ils ont une influence climatique importante, et les aérosols dorigine anthropique ont très certainement contribué à diminuer le réchauffement provoqué par laugmentation des gaz à effet de serre.
Ils sont assez aisément détectables
depuis un satellite, au dessus des surfaces sombres comme la mer, car ils
augmentent un peu la quantité de lumière réfléchie.
En revanche au dessus des surfaces continentales dont la réflectance est
variable et parfois élevée, ils ne sont plus détectables
par les méthodes traditionnelles, mais ils le sont au moyen de la
polarisation .
Le rayonnement solaire est constitué de ce quon appelle de la
lumière naturelle, c'est à dire non polarisée, cependant
quand ce rayonnement interagit avec la matière (gaz, liquide ou solide),
la lumière qui est diffusée présente une polarisation
partielle. Par exemple, la diffusion par les molécules de lair
(diffusion dite de Rayleigh) polarise fortement la lumière . Par temps
clair, la lumière diffusée (le bleu du ciel) est donc
polarisée (les abeilles utilisent cette propriété pour se
diriger). Mais cette polarisation dépend fortement de langle de
diffusion, c'est-à-dire de langle entre la lumière
incidente et la lumière diffusée.
Les particules polarisent elles aussi, mais
à des degrés divers suivant leurs caractéristiques
optiques, et la dépendance angulaire de leur polarisation dépend
elle aussi de leur nature. Cest pourquoi il faut pouvoir mesurer le
rayonnement réfléchi en fonction de langle de diffusion.
Pour cela, on sarrange pour que la même cible puisse être vue
sous différentes incidences lors de la progression du satellite.
On peut ainsi non seulement mesurer les concentrations
daérosols au dessus des surfaces continentales, mais on peut aussi
préciser leurs dimensions et distinguer le type de particules
sphériques ou non, et préciser leur nature.
Au dessus de la Chine, les fortes concentrations sont pour une bonne part dues à lactivité industrielle, les fortes concentrations observées au dessus de lAmazone et de lAfrique ou encore de lIndonésie sont essentiellement dues aux feux de forêt et feux de brousse.
La mission PARASOL était prévue pour durer deux ans. En fait, ce satellite qui faisait partie du A-Train est resté dans le vol en formation de cette constellation pendant plus de 5 ans ; faute de carburant, il a fini par la quitter début 2010.
Même s'il ne fournit plus de mesures co-localisées avec celles des autres membres du A-TRAIN, linstrument fonctionne encore en mars 2011. En ce sens, PARASOL est une grande réussite mais il na pas de successeur.
Parasol devait être remplacé au sein du E-TRAIN par l'instrument APS de GLORY, un remplaçant très avantageux puisque lAPS a des caractéristiques spectrales et angulaires nettement supérieures à celles de POLDER.
La perte de Glory est donc bien un coup dur pour la recherche climatique, cest aussi un coup dur pour tous les chercheurs et étudiants impliqués dans ce projet.
On souhaite évidemment quune solution soit trouvée pour remplacer Glory au plus vite, mais les difficultés budgétaires de la NASA, comme celles dailleurs de toutes les Agences spatiales, ne rendent pas très optimistes.
Définitions :
TIM : Total Irradiance Monitor
ASP : Aerosol Polarimeter Sensor
Polder : Polarisation and Directionnality of Earth Reflectance
Parasol : Polarisation and Directionnality of Earth Reflectance
A-Train : Constellation de six satellites franco américains
Mois de Février 2011
1/3 Voyage dans lanthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros. Claude Lorius et Laurent Carpentier - Recension de Guy Jacques.
Ce livre est écrit par le glaciologue Claude Lorius, médaille dor du CNRS et Laurent Carpentier, écrivain et spécialiste des questions environnementales, le « couple idéal » scientifique/journaliste qui cite dans cette catégorie Une mer sans poissons de Philippe Cury et Yves Miserey. La fluidité du texte, labsence de la moindre équation, du moindre tableau, le dialogue en forme dinterview entre les deux auteurs dans lépilogue porte la marque de cette association.
Il sagit dune très belle édition dActes
Sud, tant dans la mise en page, que par le choix des polices, la
qualité du papier, la séparation de chaque chapitre par de
superbes photos polaires en noir et blanc, la présence, en début
de chapitre, de quelques lignes soulignant lesprit de chacun deux.
Une rareté pour un ouvrage de ce type. La poésie nest pas
absente particulièrement dans la description des pôles et du lieu
de vie de Claude Lorius, le massif de Belledonne.
Appréciez la qualité du texte avec ces quelques extraits :
« Les neiges hivernales tapissent le massif de Belledonne. Le vent vient de là-bas, du Sud, apportant la rumeur de lautoroute dans la vallée où la civilisation continue de foncer en aveugle »
« Nous aimerions pouvoir freiner, mais nous ne trouvons pas la pédale de frein. Nous aimerions trouver la sonnette dalarme, mais bien dautres avant nous sen sont chargés en vain ; ces murailles sont dans nos têtes »
« Nous ne sommes ni fascinés par le monde dantan, ni branchés en intraveineuse sur Radio Nostalgie »
« Les glaces », « Le secret »
et « LAntropocène », les trois
premiers chapitres racontent, avec maintes anecdotes, laventure de Claude
Lorius, lun des trois Enterrés volontaires au cur de
lAntarctique que conte avec émotion le réalisateur Djamel
Tahi dans le film éponyme quil faut absolument que vous voyez...
« LAnthropocène » donne le ton au livre, les auteurs rappelant que sil importait peu de polémiquer sur la date de son démarrage, on devait sinquiéter de léventuelle proximité de sa fin, cette période géologique nétant pas lère des humains mais un ère de crise ! Alors que lHolocène représente le plus grand intervalle de stabilité du climat depuis 400 000 ans, avec une oscillation de la température denviron 1 °C, les activités humaines depuis linvention de la machine à vapeur en 1784 par James Watt provoquent un réchauffement climatique au-delà de cet intervalle en moins de trois cents ans, doù le titre « Laccélération ».
Les chapitres suivants, « Le mur » et « Les crépuscules », mettent en exergue la gravité de la situation due à lhomme planétophage et à notre passivité, les auteurs sefforçant de garder suffisamment doptimisme pour intituler leur dernier chapitre « Le sursaut » sans laccompagner du classique point dinterrogation qui eut indiqué leurs doutes.
La tonalité du livre est quand même empreinte de pessimisme teinté dun brin de nostalgie, cette atmosphère étant magnifiquement illustrée par la réflexion de Lorius dans lépilogue :
« La science ne peut sans doute pas nous sauver mais sans la science, il est peu probable que nous soyons sauvés ».
Il ne croit pas à la géo-ingénierie et cloue au pilori ceux qui croient au dogme du progrès technique et de la croissance économique.
On aurait aimé un engagement plus clair pour un changement radical de vie, pour une décroissance.
Avec pudeur, Claude Lorius effleure seulement ce sujet tout en citant philosophes et penseurs dune certaine contre-culture : le géographe et anarchiste Elisée Reclus, le philosophe transdisciplinaire enseignant lécologie globale, Jacques Grinevald, sans compter Thomas Malthus, Hans Jonas, Jared Diamond et Edgar Morin.
Si nous avons parlé de pessimisme, plus exactement de désenchantement, cest parce que sont seulement citées comme réussites collectives (« seule laction collective est payante ») lamélioration de la concentration de lozone stratosphérique depuis le protocole de Montréal et la signature du Traité de lAntarctique. Pas suffisant face à lépuisement des ressources planétaires !
2/3 Prix "Christian Le Provost, océanographe"
Le Prix Christian Le Provost,a été lancé le mardi 21 avril 2009 à l'initiative du Conseil Général des Côtes-d'Armor et de l'association costarmoricaine "Christian Le Provost, océanographe". Il était aussi soutenu par l'Ifremer, le CNES, le SHOM, l'IRD, l'Institut National des Sciences de l'Univers, la ville de Plérin sur Mer, le Club des Argonautes, et la COI.
Doté par le Conseil Général, d'un montant annuel de 7 000 euros, il a été remis en 2009 à Fabrice Ard'huin et en 2010 à Jérôme Vialard. Les cérémonies ont eu lieu au Conseil Général des Cotes d'Armor, dans le cadre d'une journée scientifique "Océanographie" en commun avec la commune de Plérin sur Mer.
Ce prix devient désormais un Grand Prix de l'Académie des Sciences, fondé par le CNRS, l'IFREMER, le CNES, l'IRD, le SHOM et le Conseil Général des Côtes d'Armor. Il sera biennal et doté de 15 000 euros.
C'est un succès pour l'Association Christian Le Provost et le Conseil Général des Côtes d'Armor qui en sont à l'origine et aussi pour le "Club des Argonautes" qui y a apporté son concours.
C'est aussi et surtout un juste hommage à Christian Le Provost dont la qualité des travaux scientifiques permet ainsi de mettre à l'honneur l'océanographie physique à travers ses plus brillants jeunes chercheurs.
L'objectif du prix reste inchangé : promouvoir la recherche en dynamique océanique dans toutes ses dimensions, quil sagisse dapplications au climat, aux écosystèmes marins, à lexploitation des ressources minérales, vivantes ou énergétiques dans les systèmes côtiers et hauturiers, quil sagisse enfin détudes de processus, expérimentales ou de modélisation. Il est destiné à récompenser lauteur de recherches conduites dans un laboratoire français pour des travaux remarquables en océanographie physique et biogéochimique.
Il sera remis à l'Académie de Sciences sous la coupole de l'Institut de France. La journée scientifique "Océanographie" sera maintenue par le Conseil général des Cotes d'Armor et aura lieu après la remise du prix.
L'année de lancement est 2011 et la date limite de dépôt des dossiers de candidature est fixée au 10 mars.
3/3 La vie, quelle entreprise ! Pour une révolution écologique de léconomie de Robert Barbault et Jacques Weber - Recension de Guy Jacques
Écrit par deux scientifiques :
un écologue, Robert Barbault,
et un économiste et anthropologue, Jacques Weber ;
il sagit dun ouvrage qui dépasse le cadre purement scientifique.
Cette démarche engagée est amorcée par Barbault, auteur phare des ouvrages denseignement de sa discipline depuis une dizaine dannées avec notamment : "Pour que la Terre reste humaine" publié en 1999 en collaboration avec Dominique Bourg et Nicolas Hulot et "Un éléphant dans un jeu de quilles Lhomme dans la biodiversité" publié en 2008.
La complémentarité des deux auteurs leur permet de poser cette question : est-il inconscient de parler de nature, de parler de la biodiversité dans un contexte de crise économique et sociale ?...et dy répondre en demandant à lécologie de devenir plus réaliste et léconomie plus humaine.
Les trois premiers chapitres sont académiques mais relativement faciles
à aborder pour le profane grâce au style agréable et aux
anecdotes.
La biodiversité, rempart contre les attaques, portefeuille dinnovations devrait être protégée alors que lhomme tend à tout uniformiser.
La biodiversité ou, plus généralement, les écosystèmes, est comparée à une « entreprise » globale dont sont examinés le fonctionnement, lorganisation en réseau, les causes et effets de la crise quelle traverse, symptôme dun pillage sans vergogne de ses ressources par le dernier arrivé sur la planète, lHomme.
Loriginalité du livre est à chercher dans les quatre
derniers chapitres dont les titres sont évocateurs :
Lappropriation du monde, Et lHumain dans tout
ça ? Pour changer, renouer avec la nature,
Changer dère.
Les auteurs ne se limitent pas à des constats quil importait de mettre en lumière en se basant sur des faits incontestables. Partie de lécosystème, lHomme est en train de scier la branche sur laquelle il est installé oubliant que les ressources de la planète sont limitées et que la science, qui nous aidera encore, nest pas toute puissante, pas plus que lHomme nest un extra-terrestre. Sappuyant sur lexemple de lagriculture, fil conducteur de louvrage, les auteurs prônent de renouer avec la nature tout en évitant la vision passéiste dun retour vers les sociétés primitives que lon retrouve dans les écrits des écologistes radicaux. Ils préconisent une agriculture soutenable et le recours à des industries vertes. Leur conclusion est bien quil faut enfin changer dère, rendre la science aux citoyens et jeter le PIB aux oubliettes.
En ce sens, le livre La vie, quelle entreprise ! Pour une
révolution écologique de léconomie peut être
rapproché de deux autres uvres également écrites par
des biologistes :
La Condition tropicale Une histoire naturelle, économique et sociale des basses latitudes de Francis Hallé (2010)
et Virer de bord Plaidoyer pour lhomme et la planète de Guy Jacques (2011).
Ces ouvrages peuvent se prévaloir de la démarche suivie par Hallé qui rappelle « quà soixante-dix ans, il sestime autorisé à porter un regard global sur lexistence ».
Nous ne pouvons que conseiller la lecture de ce petit ouvrage sans figures ni
tableaux, ni photos, car il est temps, espérons-le pas trop tard, que
les écologues sengagent dans une démarche
« politique », comme ont su le faire auparavant les
climatologues.
Deux légères réserves peuvent être faites à cet ouvrage logiquement publié dans la collection « science ouverte ».
Lune concerne la présentation, avec un excès dencarts qui rompent la fluidité de la lecture sans être toujours indispensables.
Lautre, un credo un peu excessif en une solidarité écologique planétaire « pour peu que lon apprenne, comme nous le montrent les agricultures paysannes, à sappuyer sur ses forces et ses ressources sans la piller inconsidérément ; pour peu que les États et autres organisations mondiales revues et corrigées assument leurs responsabilités ; alors, oui, on peut le faire ! »
Mois de Janvier 2011
1/2 Lannée 2010 : un excellent cru pour appréhender la complexité climatique
De nombreuses agences à travers le monde : NASA, NOAA pour les USA, lAgence Météorologique Japonaise et le Hadley Center du Met Office britannique convergent.
Lannée 2010 fut lannée la plus chaude sur Terre depuis 1880. A égalité ou légèrement au-dessus de ce que fut lannée la plus chaude, précédente 2005 (dans la marge dincertitude). Cest la 34ème année consécutive dont la température globale se situe au-dessus de la moyenne du vingtième siècle.
Et pourtant, souvenons-nous qu'à la fin de lhiver 2010, qui fut
froid en France et en Europe de l'ouest, un rush dillustres
climato-sceptiques profita de cette « anomalie »
froide incontestable pour brocarder les
« réchauffistes » : ces climatologues
représentants dune pseudo-science qui ne bénéficie
pas de la pureté disciplinaire !
Profitant de ce que 1998 fut une année chaude, ils
affirmèrent alors quil ny avait plus depuis cette date de
réchauffement, voire quil y avait même refroidissement. Et
au diable, leffet de serre et vive le rayonnement solaire ! Pourtant
lannée 2010 bat, comme 2005, sans ambigüité
lannée 1998. Souvenons-nous aussi de ces récents mois de
novembre et décembre 2010 bien frisquets en France et en Europe et qui
mettent à tort, la météo en procès.
Il faut en retenir une
première leçon : pas plus quils ne sont le centre du
monde, la France et lEurope nimposent leurs caractères
climatiques. Un coup dil à la carte de la figure ci-contre
(cliquer sur l'image pour l'agrandir) met en
évidence, que sil a fait anormalement froid en Europe en 2010
(points bleus)il nen fut pas de même dans le reste du monde
où lanomalie de température est nettement positive
(points rouges). Et la moyenne résultante sest traduite par un
réchauffement moyen incontestable.
Deuxième leçon : les dynamiques
météorologiques et climatiques sont complexes et sont sans
conteste pluri, voire omni disciplinaires ce qui sans doute, leur porte tort.
Auguste Comte, un homme dordre, qui aimait la classification des
disciplines (comme les géologues ?) navait donc pas pris en compte
la météorologie ou locéanographie dans sa
classification, pour « indiscipline » pourrait-on dire.
Complexe, cela veut dire quoi ? Que la dynamique du climat met en jeu les interrelations et les échanges qui existent entre les différents acteurs du système climatique : le soleil et même la lune, latmosphère, locéan, la Terre solide, le milieu marin vivant et continental, la cryosphère chaque élément ayant ses échelles temporelles de variations qui interfèrent avec les autres .Alors quil fasse plus froid en Europe lorsquil fait plus chaud au Groenland ou au Québec il ny a là rien détonnant. Pas étonnant non plus, que si laccroissement des gaz à effet de serre dans latmosphère se fait de manière constante et homogène, les variations de température se fassent de manière hétérogène dans lespace et irrégulières dans le temps en un endroit donné.
Le réchauffement global nefface pas la variabilité
naturelle du climat, ni dans le temps, ni dans lespace. Le
problème est de savoir sil en modifie la fréquence ou
lintensité. Lannée 2010 est particulièrement
intéressante pour lillustrer.
Les hivers européens et la
« NAO »
Chacun est familiarisé avec la pression atmosphérique comme
paramètre météorologique et nul nignore le poids de
lanticyclone des Açores (haute pression) évoqué dans
tous les bulletins météorologique de la télévision.
Moins souvent évoquée mais non moins importante est la zone dépressionnaire dIslande. La différence de pression entre les deux est un indicateur du temps quil fait sur lEurope de louest. Surtout en hiver.
Plus la différence de pression entre les deux est élevée, plus lEurope de louest à nos latitudes est exposée aux vents douest océaniques, y apportant en hiver un temps doux et humide. A linverse (différence de pression faible), nous nous trouvons exposés à des descentes dair polaire et donc à des hivers froids.
On appelleindice NAO, l'anomalie (équivalent scientifique du mot écart)de cette différence de pression par rapport à sa valeur moyenne :
anomalie positive = hiver doux,
anomalie négative = hiver froid.
Ainsi lanomalie moyenne fut-elle de - 4.38 de décembre 2009 à Mars 2010. Une des plus négatives depuis I873.
La figure de droite montre aussi que la NAO fut fortement négative entre le 15 novembre 2010 et le 15 janvier 2011. Il fit donc froid durant ces périodes en France sans que cela ne mît en cause le record de lannée 2010, ni le réchauffement global quillustre la première figure.
Il ny a pas de périodicité bien établie des variations de la NAO qui est plutôt dordre décennal.
Cest dailleurs la permanence pendant plusieurs
hivers de suite, dune NAO fortement négative (comme le montre la
figure de gauche), qui explique la baisse ou la stagnation de la
température visible sur la première figure, entre 1950 et la fin
des années 1970..
El Niño/La Niña et les
inondations australiennes
Le phénomène El
Niño et son contraire La Niña ont une plus grande
notoriété que la NAO mais il sagit aussi dune
oscillation climatique liée aux interactions entre
locéan et latmosphère.
On caractérise cette oscillation par les différences de pression atmosphérique entre louest (pression basse) et lest (pression élevée) du Pacifique équatorial. Et lindice que lon utilise, indice ENSO est lanomalie de cette différence de pression.
Lorsque cette anomalie est fortement négative (diminution de la différence de pression atmosphérique entre lest et louest du Pacifique) les alizés qui soufflent dest en ouest, faiblissent ou sannulent et les eaux chaudes quils accumulent normalement à louest (Warm Pool) sétendent le long de léquateur douest en est jusquaux côtes du Pérou/Chili, y amenant pluie et inondations y compris dans le très sec désert dAtacama. Et corrélativement, la sécheresse sévit sur la côte est de lAustralie et en Indonésie avec parfois des incendies spectaculaires comme ce fut le cas en 1983.
Dans la situation inverse (anomalie positive), les alizés se renforcent, les eaux chaudes saccumulent à louest avec pluies abondantes sur lAustralie et lIndonésie et le littoral du désert dAtacama retrouve ses eaux froides et sa sécheresse.
En 2010 on est passé en juillet dune situation Niño à une situation Niña qui na fait que saccentuer, doù normalement des pluies abondantes sur lAustralie. Aucune anomalie (au sens commun) qualitative donc.
Pour la Nao et les hivers européens comme pour La Niña et les
inondations en Australie de 2009/2010, on pourrait donc dire a priori : rien de
nouveau sous le soleil climatique et les choses suivent leur cours normal.
Cependant, si le réchauffement global, que lon ne peut nier,
nefface pas les variations climatiques naturelles aux diverses
échelles de temps, il peut en modifier le rythme et lamplitude.
Lampleur exceptionnelle des inondations australiennes actuelles liées à La Niña est-elle appelée à devenir désormais la norme ? Il ne fait pas de doute, par exemple, que le réchauffement observé de la température de surface de locéan dans louest du Pacifique, lié lui au changement global, est de nature à amplifier les précipitations en période La Niña.
Il nest pas impossible non plus que le réchauffement global qui équivaut à une augmentation de lénergie dans la troposphère se traduise par des modifications durables de la NAO, des circulations atmosphériques et océaniques associées, et donc des climats correspondants !
Quil fasse plus froid en hiver en France, à cause du réchauffement global ne serait pas forcément surprenant dautant quil ne faut pas oublier que le transport océanique de chaleur des régions équatoriales vers lArctique dans lAtlantique, via le Gulf Stream et la dérive Nord Atlantique est corrélé positivement à la NAO à quelques mois dintervalle.
À une
anomalie de NAO élevée correspondra quelques mois plus tard un
transport océanique de chaleur vers le nord plus important et
réciproquement : une rétroaction positive en quelque sorte.
A ce jour, nul ne peut répondre à ces questions, si ce
nest que lénergie complémentaire apportée par
leffet de serre doit bien se dissiper, doù une
probabilité accrue dévènements extrêmes, voire
de la force du vent en moyenne à la surface de la Terre. Au-delà
de son importance pour lhumanité, cela fait de la question
climatique un problème scientifique passionnant qui devrait
susciter des vocations.
2/2 Vient de paraître : Quest-ce que lÉcologie ? Une définition scientifique. Par Guy Jacques, membre du Club des Argonautes, aux éditions Vuibert
Pourquoi un tel point dinterrogation dans le titre ? Cest que le mot écologie est devenu très ambigu : science à lorigine, il évoque maintenant pour la majorité des gens la politique, au point que les scientifiques qui se disaient écologistes à lorigine se disent maintenant écologues pour se démarquer des militants écologistes qui font souvent oublier que lécologie est bel et bien une science.
Doù le sous-titre bienvenu : « une définition scientifique ». Cest même la science la plus complexe qui soit puisquelle met en jeu la quasi-totalité des disciplines qui se consacrent à la Terre : de la géologie à toutes les sciences biologiques en passant par les sciences de latmosphère, de leau, des sols et les sciences physiques et chimiques qui règlent leur dynamiques et leurs interactions.
Il ne sagit pas seulement de « pluri », mais quasiment d « omnidisciplinarité ».
Sans oublier évidemment les sciences dites humaines, car lhomme inclus dans les écosystèmes, en est évidemment un acteur : il interagit avec leurs autres composantes et contribue à les faire évoluer. Car les « écologistes » ont tendance à loublier : les écosystèmes, avec ou sans lhomme, ne sont pas immuables et ne cessent dévoluer. Mais lhomme a une capacité d « action » à nulle autre pareille, qui peut lui être nuisible.
Il est aussi doté dune conscience et
dune intelligence qui lui confèrent une responsabilité
particulière dans lévolution des écosystèmes
et même de lécosystème terrestre dans sa
globalité. Doù le passage obligatoire de
lécologie scientifique à lécologie politique
pourvu quelle reste rationnelle. Cest lobjectif de ce livre
agréable à lire, clair et dune concision remarquable compte
tenu de la complexité du sujet.