Les News
Février 2017
1/2 Température moyenne globale : La nécessaire amélioration des bases de données vue par les climato-sceptiques comme une manipulation suspecte.
Yves Dandonneau
La température moyenne à la surface du globe terrestre est suivie avec
attention comme l'indice du réchauffement climatique tel que nous le
ressentons, nous qui vivons sur cette surface. Elle est estimée à partir
d'observations qui, à partir de 1880, sont devenues en nombre suffisant pour
qu'on puisse établir des moyennes globales.
Depuis cette date, les techniques de mesure, surtout celles en mer, ont évolué
:
- prélèvements d'eau au seau et mesure par thermomètre dans ce seau,
- capteurs électroniques dans les prises d'eau des navires,
- mesure par satellite du rayonnement infrarouge émis par la surface,
- capteurs de température sur des bouées dérivantes.
Chaque système est particulier et pour harmoniser l'ensemble des données, des corrections y sont apportées de temps à autre. Ces corrections sont généralement de très faible amplitude. La dernière en date était destinée à corriger un biais qui subsistait entre les mesures en mer modernes et celles anciennes prises «au seau» à partir des navires, affectées par une légère variation entre la prise d'eau proprement dite et la lecture du thermomètre. Elle a déclenché une polémique très vive avec les climatosceptiques, polémique qui a même pris aux États Unis un tour politique.
En effet, alors que la température moyenne globale augmentait bon an mal an
assez régulièrement, un record très marqué de la température moyenne globale en
réponse au phénomène El Niño qui a sévi en 1997-98 a tenu longtemps. Pendant
plus d'une dizaine d'années – cette période a été appelée «le hiatus» – la
hausse des températures a semblé s'arrêter, donnant des arguments aux
climato-sceptiques pour contester le réchauffement global, et ouvrant la porte
à toutes sortes d'hypothèses annonçant un refroidissement à venir. Le
réchauffement a depuis repris sa course, mais la querelle avait été attisée par
cette correction récente des données de température qui, (hasard pour la
communauté des climatologues, mais manipulation délibérée pour certains
opposants à la théorie du réchauffement climatique), avait fait tomber le
record de 1997-98.
Chaque année n'est pas forcément plus chaude que la précédente. La
variabilité climatique affecte les transferts de chaleur entre les divers
réservoirs du système climatique (n'oublions pas que les terres émergées ne
stockent que 1 % du surplus de chaleur lié à l'augmentation de l'effet de
serre), de telle sorte que des années un peu plus froides interrompent souvent,
naturellement, la suite d'années record. Les années où sévit le phénomène El
Niño en particulier, donnent lieu à des sauts de température très marqués. Il
en a été ainsi pour l'El Niño de 1997-98, et il en été de même pour celui,
récent, de 2015-2016. Le record de température atteint ces années là ne sera
sans doute pas dépassé de sitôt et un nouveau «hiatus» est possible, qui ne
remettra pourtant pas en cause le réchauffement global, mais qui redonnera peut
être aux climato-sceptiques le prétexte à de nouvelles polémiques.
Leurs arguments peuvent apparaître convaincants pour le public non spécialiste,
et démolir cette argumentation demande un effort qui est perçu comme une perte
de temps fastidieuse. Les recettes pour ne pas tomber dans le piège :
- ne pas faire confiance aux sites notoirement «climato-sceptiques»,
- vérifier que le travail est basé sur des publications dans des revues avec comité de lecture,
- s'assurer que les auteurs de l'article sont affiliés à des universités ou des organismes de recherche,
- et avoir en tête que si un chercheur spécialiste du climat découvrait un mécanisme ou une hypothèse mettant à mal la vérité du réchauffement climatique, il n'hésiterait pas une seconde à le publier et en retirerait une renommée que tous recherchent.
(Voir l'article publié par Stefan Rahmstorf sur le site de RealClimate que nous avons traduit en français).